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APERÇU DES ENQUÊTES ... APERÇU DES ENQUÊTES ... APERÇU DES ENQUÊTES ... APERÇU DES ENQUÊTES ...

[Généalogie et arbre généaologique] - [Grands-parents / Petits-enfants ici et maintenant] - [Enquête sur les prénoms des GP]  

[Enquête sur les noms d'adresse des GP] - [Enquête sur la construction des liens] - [En guise de conclusion]

À propos de la Généalogie et de l’arbre généalogique

 

L’étymologie du mot « origine » – de origo, orior, se lever – désigne essentiellement l’approche d’un astre à son lever : à l’Orient naît la lumière. Origo c’est aussi « sortir de terre, se mettre debout », synonyme de genèse. La Genèse est le récit biblique des origines.

La pensée des origines est essentielle dans le concert de la vie psychique. Elle désigne la capacité de penser, de concevoir que toute personne en ce monde – à commencer par nous-mêmes – a des origines.

La généalogie, c’est aussi retrouver les noms propres qui constituent des lieux de mémoire. C’est parfois à travers les prénoms que sont représentés symboliquement ceux qui nous ont précédés.

Donner un prénom, c’est proposer un message familial, social et culturel. Les prénoms des membres de la famille sont comme des « marqueurs symbolisants ».

« Dis-nous quel est le nom que là-bas te donnaient ton père et ta mère… Chacun en reçoit un le jour de sa naissance ; aux enfants sitôt nés c’est le don des parents » (Alkinos à Ulysse : Odyssée, chant VIII, Homère).

Dans certaines tribus africaines, si l’enfant reçoit un nom à la naissance, celui-ci est remplacé par un surnom donné par le grand-père quand l’enfant atteint 7 ans et qu’il est entré en relation avec son aïeul.

D’une génération à l’autre, un fil relie espoirs et inquiétudes. Chaque naissance modifie les relations entre la femme devenue mère, l’homme devenu père et leurs parents.

Notons qu’à la généalogie issue de la génétique, viennent s’ajouter les jeux d’alliance, d’adoption, de liens fraternels. Les grands-parents soutiennent tout cela : « ils ouvrent l’horizon en arrière » écrit Yvonne Castellan.

Dans les « Contes de l’ego et de ses contes », Claude de la Genardière nous dit : « Le paradoxe de l’arbre généalogique est qu’il donne à voir comme un instantané figurant le mouvement des générations et la mobilité des places que le sujet est appelé à y occuper. » Ce sont en effet les petits-enfants d’aujourd’hui qui font de nous les grands-parents d’aujourd’hui.

De nos jours, nombre d’enfants sont insuffisamment – voire pas du tout – repérés dans leurs lignées et la notion de succession des générations n’est même plus perçue clairement. Or, pour grandir, un enfant a besoin de savoir d’où il vient – autrement dit, pour se former, il a besoin d’être informé.

L’absence de repères dans la filiation engendre un grand désarroi. Il s’agit de permettre à l’enfant de reconnaître que ses parents sont nés avant lui et que sans leur rencontre, il ne serait pas là. Cela pourrait s’appeler « la reconnaissance filiale ». C’est environ entre 5 et 9 ans que l’enfant pose des questions sur ses origines, questions qu’il reprendra à la période de la puberté.

GRANDS-PARENTS / PETITS-ENFANTS : QU'EN EST-IL ICI ET MAINTENANT ? 

Nous venons de souligner la place des grands-parents dans la construction de la personnalité de leurs petits-enfants.

"Une grande complicité s’établit entre eux " écrit C. Dolto-Tolitch. C’est cette relation que nous avons voulu approfondir.

          - De quoi est-elle faite ?

          - Comment se construit-elle ?

          - Quels sont les éléments qui la favorisent ?

Nous avons choisi d’aborder ces questions à travers « les paroles » des enfants.

Trois enquêtes ont été conduites auprès de 240 enfants âgés de 6 à 12 ans (100 d'entre eux résidant dans des villages du sud de la Gironde, et 140 dans une banlieue ouest de Bordeaux). Il est à noter que la variable "importance de la fratrie" a également été prise en compte.

Les analyses statistiques ont été réalisées à l'aide du logiciel Statistica© (Statsoft pour Windows) ; les tests employés sont le test de corrélation de Spearman et le test de Kolmogorov-Smirnov.

Enquête portant sur les prénoms

Cette enquête avait pour but de montrer que les enfants connaissaient les prénoms de leurs grands-parents en posant comme postulat que s’ils répondent positivement, ils sont repérés dans leurs lignées.

Que les enfants vivent en milieu urbain ou rural et qu’ils appartiennent à une fratrie réduite ou étendue, n’influencent pas la connaissance des prénoms de leurs grands-parents, à la différence des deux autres variables, l’âge et le genre.

D’après ces résultats, ce sont donc les filles les plus âgées qui ont une meilleure connaissance des prénoms de leurs grands-parents, quels que soient leur milieu de vie et l’importance de la fratrie.

 

Enquête portant sur les noms d'adresse

En supplément à l’enquête sur les prénoms, il a été demandé aux enfants d’écrire les noms d’adresse (ou surnoms) attribués à leurs quatre grands-parents.

Nous constatons que les termes de mamie et papi sont majoritaires avec :

· pour les grands-mères maternelles : 85 %

· pour les grands-pères maternels : 83 %

· pour les grands-mères paternelles : 78 %

· pour les grands-pères paternels : 74 %

Les autres dénominations concernent davantage les grands-parents paternels qui sont ainsi différenciés des grands-parents maternels :

· mémé : 3 à 5 % et pépé : 3 %

· mamé : 1 à 5 % et papé : 1 à 7 %

· grand-mère : 0 à 6 % et grand-père : 0 à 7 %

· autres appellations (mamou / papou, grandma / grandpa…) : 4 à 6 % , les deux termes étant le plus souvent couplés.

Comme le soulignent C. Attias-Donfut et M. Segalen, « c’est une entrée qui en dit beaucoup sur la nature des relations familiales » ; ou encore « Dites moi comment on vous nomme et je vous dirai quel type de rôle vous occupez, quel style de grand parentalité est le vôtre ».

Les dénominations ne sont pas données au hasard. Lorsque l’enfant paraît, il semble que cela soit une interrogation que se posent les futurs grands-parents. Souvent le premier petit-enfant invente, trouve un nom à partir d’éléments qu’il entend, ou bien on lui suggère ou on lui impose un nom d’adresse.

Ce choix dépend de quatre paramètres :

-      le fait qu’il existe des arrière-grands-parents qui sont déjà appelés par tel ou tel nom d’adresse ;

-      le degré d’engagement dans le rôle qui peut dépendre de la distance entre les résidences et de l’investissement dans le rôle ;

-      les habitudes culturelles attachées aux pratiques du groupe social ;

-      le « choc » entre les deux lignées grand-parentales, chacune tenant à être plus ou moins différenciée.

Enquête portant sur la construction des liens grands-parents/petits-enfants

Nous avions postulé que la construction des liens entre grands-parents et petits-enfants se faisait par des rencontres, des contacts, des activités communes et des conversations.

            Pour les tableaux concernant les fréquences de rencontres et de contacts, les deux premières propositions exprimaient la proximité, tandis que la troisième sous-entendait une fréquence régulière et les quatrième et cinquième une fréquence irrégulière soumise aux rythmes scolaires et événementiels. La dernière proposition -sans réponse- permettait aux enfants dont les grands‑parents étaient décédés ou inconnus de s’exprimer.

            Pour les tableaux concernant les activités communes et les sujets de conversation, un éventail d’actions et de thèmes a été proposé afin de guider les enfants. Les activités communes recensées sont toutes basées sur les temps libres, les jeux, etc. puisque ce sont les privilèges des relations grands-parents / petits-enfants. Les sujets de conversation sont des thèmes choisis par les deux parties, eux-aussi basés sur le plaisir.  

Distance entre grands-parents et petits-enfants :
Répondre par oui dans la bonne case, 1 par colonne.
  GP maternels GP paternels
moins de 1 km           
de 1 à 9 km    
de 10 à 49 km    
de 50 à 200 km    
plus de 200 km    
sans réponse    
(GP dcd ou inconnus)    
 
Fréquence des rencontres G-P et P-E (chez eux/chez toi) :
Répondre par oui dans la bonne case, 1 par colonne.
  GP maternels GP paternels
presque tous les jours    
1 fois par semaine    
1 fois par mois    
fêtes et anniversaires    
vacances scolaires    
sans réponse    
 
Fréquence des contacts (tél. courrier) G-P et P-E :
Répondre par oui dans la bonne case, 1 par colonne.
  GP maternels GP paternels
presque tous les jours    
1 fois par semaine    
1 fois par mois    
fêtes et anniversaires    
sans réponse    

 

Activités communes G-P et P-E :
Répondre dans chaque case par : souvent / parfois / jamais.
  GP maternels GP paternels
lire des histoires    
dessiner / peindre    
bricoler, cuisiner, jardiner    
aller au spectacle, ciné    
promenades ( à pied, à vélo)    
jeux de société, de ballon    
sans réponse    
 
Sujets de conversation communs :
Répondre dans chaque case par : souvent / parfois / jamais.
  GP maternels GP paternels
famille    
école / copains    
loisirs / télé    
santé    
actualités    
ancien temps    
sans réponse    

 

Les réponses obtenues nous ont permis de dire que les petits-enfants construisent des liens avec leurs grands-parents des deux lignées quels que soient leur milieu de vie, leur genre. 

Quant à la distance les séparant, la proximité intensifie les liens mais ceux-ci existent malgré l'éloignement.

 

En guise de conclusion...

            Grâce à ces travaux fondés sur les paroles de 240 enfants de 6 à 12 ans, une moitié vivant en ville et l'autre à la campagne, nous avons approché le lien vital tissé entre grands-parents et petits-enfants.

Bien que les échantillons retenus ne soient pas parfaitement représentatifs de la population française aujourd’hui, les résultats obtenus nous permettent de dire que les grands-parents comptent pour leurs petits-enfants. Ceux qui ont participé à cette étude semblent repérés dans leurs lignées : pouvoir s’inscrire dans sa généalogie, c’est exister.

 

Mais que disent les grands-parents de leurs petits-enfants ? Cette recherche ne l’a pas abordé.

-      Il serait intéressant de leur proposer la seconde enquête pour obtenir «leurs paroles » à eux aussi et permettre ainsi un éclairage complémentaire.

-      Une autre démarche basée sur les réponses croisées d’un échantillon représentatif d’enfants et de leurs grands-parents permettrait de faire émerger les concordances -   ou les discordances – « des ressentis » sur leurs vécus communs.

Il nous faut noter que la variable « composition familiale » n’a pas été prise en compte ; or comme nous l’avons dit, la famille vit des changements importants depuis quelques décennies, ce qui influe sur les rapports intra-familiaux. Cette troisième piste serait à explorer.

            Par notre tour d’horizon à travers les pays, les cultures et les époques, nous pensons avoir mis en relief la diversité et l’intensité des liens de filiation ainsi que leurs rôles dans la construction de la famille. La place des grands-parents n’a pas été donnée d’emblée, elle a évolué jusqu’à s’inscrire comme incontournable. Le détour par la littérature a permis d’observer l’image que chaque époque a donné d’eux. Une bibliographie les concernant est d’ailleurs en pleine expansion.

La place des grands-parents dans la vie et le psychisme des petits-enfants est davantage prise en considération en ce changement de millénaire.

L’affection et l’amour mutuels lient les générations dans un vécu intense et voulu. Dynamiques, présents et attentifs, les grands-parents d’aujourd’hui  sont heureux de construire une nouvelle grand-parentalité pour le bonheur de leurs petits-enfants.